Vivez l’Odyssée Bleue
Rivière-Salée
Escale des Routes Bleues Mythiques de la Martinique
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Rivière-Salée
A la découverte de l’histoire de la canne à sucre et du rhum patrimoine
Bordant la route des Anses, Rivière-Salée est au cœur d’une des seules plaines de l’île, entourée d’immenses champs de canne à sucre, reine de la région. Bien qu’il n’existe plus de distilleries fumantes dans la zone, de nombreuses habitations sont encore présentes sur le territoire, invitant à découvrir ce pan de la culture martiniquaise. En vélo, en buggy ou à pied, baladez-vous dans ce cadre reposant. Au large de la commune, la mangrove relie la terre à la mer et abrite une végétation luxuriante, à visiter au détour d’une excursion en kayak.
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Et si l’histoire de Rivière-Salée vue de la mer m’était contée
Au début de la colonisation, les premiers quartiers sont fondés autour de Saint-Pierre, puis dans le nord et l’est. Isolément se développent des quartiers dans le sud, notamment celui du Cul de Sac à Vache comprenant Rivière Salée et les Trois-Îlets. D’après la légende, les premiers colons prennent pour des vaches les lamentins qui s’ébattent dans la mangrove et donnent ce nom au lieu.
A Rivière Salée, le cours d’eau est un élément de fixation. Débouchant dans la baie de Fort-Royal, il sert au transport des barriques de sucre qu’exportent en grosse quantité les colons de la région. Cet emplacement est un lieu d’échanges à la croisée de voies naturelles, de terres et d’eau sur les limites du Lamentin où poussent les cannes et la Capesterre d’où viennent les cacaos et les vivres. Un petit port fluvial se crée et le bourg s’établit dans le principal embarquement de la rivière. Plus de trente familles, nombre de marchands, chirurgiens, ouvriers s’y installent et la population augmente constamment.
En 1716, les habitants demandent la création d’une paroisse indépendante car trop éloignés des églises, ils ne peuvent suivre la messe qu’au Trois-Ilets, ou au Trou-au-Chat (Ducos). Le procureur général autorise son érection et la confie aux pères Capucins. À la veille de la Révolution française, même si on trouve sur la paroisse des habitations dédiées au café, coton, cacao ou aux cultures vivrières, la production de sucre domine et compte 16 sucreries. En 1820, le premier moulin à vapeur de l’île est installé sur la propriété Meaupoux, l’industrie de la canne à sucre est en plein essor.
Au cours du XIXème siècle, Rivière-Salée prend de l’importance. Elle compte six distilleries, de nombreuses habitations sucrières et deux usines, celle de Rivière-Salée, Poirier, et celle de Petit-bourg La Guillot voient le jour. Un réseau de voies ferrées dessert les unités d’exploitation. La rivière qui sépare Grand-bourg de Petit-bourg ne pouvant être franchie qu’au moyen d’un bac à péage, un pont métallique est construit. Cet ouvrage d’art unique en Martinique se distingue par sa portée d’un seul tenant et un assemblage de type vannerie qui assure sa solidité. Construit très haut, il permet le passage des gabarres qui transbordent le sucre vers les cargos, et du yacht qui transportent les passagers vers la baie de Fort-de-France. Il est le passage obligé pour le trafic routier jusque dans les années 60 et le nouveau tracé de la RN5.
Après 1970, les progrès des technique, l’amélioration des variétés de canne et la concentration nécessaire pour rendre plus compétitives les unités de production, obligent les usines de Rivière salée et Petit Bourg à fermer et la canne est envoyée à l’usine du Lareinty, dans la plaine du Lamentin.
Aujourd’hui Rivière salée, est une commune de tradition agricole où d’immenses étendues de cannes jettent leurs flèches vers le ciel de noël. Quelle que soit la saison, vous serez séduit par sa mangrove et le charme de son architecture authentique et colorée.
Rivière-Salée
Escale des Routes Bleues Mythiques
Canne à sucre au rhum patrimoine – saveurs & parfums – biodiversité
Canne à sucre au Rhum Patrimoine
Par son environnement entouré de plaines et de champs de cannes à sucre, Rivière-Salée est pendant des siècles un haut lieu de production. En 1743, la commune compte 30 sucreries, elle est un carrefour florissant où la culture de la canne est maître de la région. Un siècle plus tard, Daniel Guillaud fonde l’une des deux usines de Rivière-Salée, également connue sous le nom de l’usine Lapalun ou de la Guillaud, la seconde étant l’usine Poirier située au quartier Génipa. Située au sud de la commune, au Petit-Bourg, elle est en construction jusqu’en 1871, et passe dans plusieurs mains de riches hommes d’affaires : Bougenot en 1873, pour finalement être géré par le sous-directeur, Octave Hayot, qui investit dans cette société par actions. Elle produit alors de la canne à sucre sur ses neuf habitations ainsi que dans l’usine centrale de manière pérenne, jusque dans les années 30, marquées par des mouvements sociaux, où les syndicats réclament une augmentation salariale et une plus juste organisation autour des charges de travail. Les événements, rassemblant des milliers de personnes à Fort-de-France, marquent le début du déclin autour de l’usine de Rivière-Salée. Marquées par les révolutions industrielles, les cultures s’intensifient et se mécanisent, et le progrès technique demande de moins en moins de main d’œuvre ; parallèlement, l’essor autour du sucre de betterave provoque l’effondrement de la culture de la canne. Les usines sucrières font faillite et la plupart sont laissées à l’abandon où sont réinvesties en distilleries. C’est en 1974 que Marraud des Grottes, dernier propriétaire des lieux, décide de fermer à tout jamais l’usine.
Plus que le déploiement d’usines à l’époque florissantes, Rivière-Salée apparaît comme un haut lieu patrimonial lié aux révolutions industrielles autour de la culture sucrière. A l’époque, la ville est l’une des premières à développer un réseau de chemins de fer permettant de lier les habitations sucrières aux usines centrales, permettant à chaque habitation de gérer son export de canne vers tous les ports commerciaux et l’ensemble de l’île. En raison des pluies, de la présence de la rivière et du mauvais état des routes, la fin du XIXème est marquée par l’arrivée du pont du Bac, petit frère de la Tour Eiffel, art métallique unique sur l’île à la technique de fabrication similaire. Monté en 1892 par Léonce Perriolat, un entrepreneur de Saint-Esprit, il est construit très haut pour permettre aux gabares et autres transports marins transportant à leurs bords sucre, rhum ou canne, et devient le lien entre le grand et le petit bourg, et reste un lieu primordial dans le trafic routier, jusque dans les années 60, où le lit de la rivière est déplacé et la route nationale 5 est aménagée. Il est aujourd’hui encore visible et reste un témoin de l’histoire du patrimoine historique et industriel de la commune.
Entre brise de mer et fraicheur bienfaisante, une halte au royaume de la nature.
La mangrove est synonyme de vie, en tant qu’espace boisé, elle assure une fonction chlorophyllienne purificatrice de l’air, elle prévient l’érosion marine et garantit une protection physique de l’espace. Les racines aériennes enchevêtrées retiennent et fixent les alluvions charriées par les crues d’hivernage et comblent petit à petit les terres inondées qui d’année en année gagnent sur la mer et augmentent la surface du sol. On dit qu’elle peut avancer d’un à huit mètres par an.
Chaque année, à la période de la migration, les marais et la mangrove se peuplent d’Echassiers de toutes tailles, depuis le minuscule Ricuit que l’on retrouve parfois solitaire au bord des cours d’eau, jusqu’au Grand Crabier en passant par les Pattes Jaunes, Chevaliers Pieds Verts… auxquels viennent se joindre Sarcelles, Pluviers, Poules Vergennes.
Dans les vases à palétuviers et les racines des mangles rouges dont les eaux sont riches en matières organiques, lambis, crabes, langoustes, huîtres, palourdes… viennent trouver protection et nourriture. Ces espaces restent pauvres en mammifères, mais on y croiser quelques animaux sauvages, comme des mangoustes, des manicous et des serpents.
C’est dans ces marais que les Saléens viennent traditionnellement de Pâques à la Saint jean, pêcher le Cirique. Le 24 juin, jour de la fête communale, une grande chasse au crabe est organisée à la tombée de la nuit. Capturés avec des « ratières », piège en bois avec une trappe, les crabes, nettoyeurs de la nature sont mis à jeuner pour être purgés. Puis, ils sont nourris de fruits, de canne à sucre, de noix de coco et de piment pour que leur chair soit épicée à souhait. Farcis ou préparés en matoutou, ils sont délicieux.
La meilleure façon de découvrir cet environnement particulier qui représente à lui seul près de 6% de tout l’espace forestier de la Martinique, c’est certainement de s’y promener en kayak. Le silence qui vous enveloppe est juste troublé par quelques bruissements des habitants des lieux.
En remontant vers les espaces habités de la commune, vous traversez des terres d’élevage bovin, des pâturages, quelques cultures de canne à sucre…sertis dans un couvert végétal composé dans sa partie sud-ouest, d’épineux et de petits baumes liés à la nature du sol (pouzzolane).
Dans les hauteurs subsistent quelques massifs boisés aux essences variées : campêche, bois d’inde, poiriers, acajous, mapou blanc, bambous croissant surtout le long des cours d’eau.
Saint-Esprit balayé par deux courants d’alizé Est-Ouest, qui empruntent la coulée d’Or, (entre la montagne du Vauclin et le morne de Bellevue), bénéficie de températures agréables. Plus au nord, un peu en altitude, vers Desmarinières, Caféière, voire certains mornes qui autrefois ont fixé les maisons de « maître », fraîcheur et humidité s’accentuent, souvent bienvenues sous le climat tropical de la Martinique. Il est alors plaisant de partir en balade, seul ou en groupe, côté plaine ou sur les hauteurs pour explorer la nature en suivant les chemins de traverse !
Saveurs & Parfums
Rivière-Salée est, comme toute l’île de la Martinique, une commune aux multiples saveurs et senteurs créoles, à découvrir au marché rue Jean Jaurès, du lundi au samedi de 7h à 13h. Mais ici, on rend particulièrement hommage à un aliment historiquement et culturellement ancré dans le patrimoine martiniquais : le cacao. Le premier cacaoyer de l’île est découvert au XVIIème siècle dans une zone forestière, d’après le Père Labat, il aurait été introduit par un marchand portugais vers les années 1660. Cette espèce endémique est alors exploitée afin d’en extraire la poudre obtenue après la torréfaction et le broyage des fèves de cacao fermentées. Très vite, le succès est tel que le cacao devient, à l’instar du sucre, un des produits les plus exportés vers la métropole depuis les ports martiniquais. En 1727, un tremblement de terre ravage les exploitations de cacao, qui devient alors culture secondaire derrière la canne à sucre, plus résistante aux aléas climatiques. Aujourd’hui, le cacao est une activité peu rentable, un seul producteur industriel subsiste, la société Girard. Cependant, la Martinique valorise son cacao endémique, l’amelonado, surnommé « Créole de la Martinique ».
C’est dans cet objectif de valorisation que l’association Valcaco naît en 2015, par le travail de Lucien Louri, cherchant à relancer la production du cacao martiniquais pour satisfaire la demande locale. Le projet voit le jour lorsque ce retraité décide de rendre vie, avec l’aide de ses frères, à la plantation léguée par leur père. Aujourd’hui, l’exploitation produit trois variétés de cacao, le criollo, le forastero et le trinitario, ces produits du terroir étant cultivés dans un environnement sain et sans pesticides, promouvant ainsi une démarche écologique et durable. La plantation des frères Louri détient pas moins de 200 arbres, où des visites sont régulièrement organisées afin d’en apprendre davantage sur la création du cacao. En plus de cette visite guidée, un éventail de produits du terroir fabriqués localement seront présentés et disponibles à l’achat. Plus qu’un produit local, c’est tout un pan du patrimoine identitaire martiniquais que l’association Valcaco se bat pour défendre et sauvegarder.