Sur la Route Bleue Mythique de la Caraïbe By Odyssea
LA COMMUNE DE MONTSINÉRY-TONNEGRANDE
Escale Patrimoine Phare de la Caraïbe – Destination Guyane – Amazonie
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MONTSINÉRY-TONNEGRANDE
Douceur de vivre, entre terre et eau
Montsinéry-Tonnegrande où la quiétude au bord de l’eau ! Les amoureux de tranquillité trouveront ici de nombreux sites où la douceur de vivre prend tout son sens : Crique Patate, Jardin Botanique Bois de Rose de Madame Louison, Rivière des Cascades, immense plan d’eau à Montsinéry… autant de lieux que la proximité du chef-lieu, Cayenne, rend accessibles, par la route bien sûr, mais également par la rivière. On y vient pour la journée, mais on peut aussi profiter des hébergements sur place pour y passer un week-end, déguster des spécialités créoles. En hamac, bercé par le clapotis de l’eau ! Détente garantie.
Sur la Route Bleue Mythique de la Caraïbe destination Guyane-Amazonie
ET SI L’HISTOIRE DE MONTSINÉRY-TONNEGRANDE VUE DE LA MER
ET DES FLEUVES M’ÉTAIT CONTÉE
Tonnegrande et Montsinéry, à la fois villages et rivières ! Deux bourgs à l’intérieur de la Guyane, distants de 22 kilomètres, qui ont été colonisés et se sont développés grâce à un réseau hydrographique conséquent. Habitations sucrières, exploitation de bois de rose, briqueteries, élevage d’huîtres et de crabes et jusqu’à un bagne, marquent l’histoire de cette commune bicéphale. Forte de son identité agricole, forestière et fluviale, Montsinéry-Tonnegrande mise sur tous ses atouts pour asseoir un développement maîtrisé.
Les recherches archéologiques menées sur le territoire n’ont mis au jour que quelques rares sites précolombiens. La présence d’Amérindiens sur le territoire reste donc très hypothétique et parcellaire. 1670 marque les débuts de la colonisation des deux villages de Montsinéry et de Tonnegrande. Un recensement de 1822 comptait 74 habitations qui cultivaient le café et quelques épices, le roucou, ces graines issues d’un arbustes permettant la réalisation d’un colorant rouge et d’un condiment comestible, et cinq habitations sucrières.
Sous l’ancien régime et après le rétablissement de l’esclage aboli une première fois en 1794 et rétabli en 1802, le territoire de Tonnégrande et de la rivière des Cascades a constitué un lieu de refuge pour de nombreux esclaves marrons qui fuyaient l’oppression. Des villages entiers d’esclaves en fuite, se sont ainsi bâtis. En 1848, année de l’abolition définitive de l’esclavage, le territoire des deux villages comptaient 67 habitations sur lesquelles travaillaient 1314 esclaves. A cette époque, seules les exploitations agricoles existaient sur le territoire et il a fallu attendre l’abolition pour que réellement les bourgs s’organisent avec la construction d’églises, d’écoles, de mairies, de logements. Entre 1880 et 1890, les deux quartiers s’unissent pour former la commune de Tonnegrande-Montsinéry, le chef-lieu étant Tonnegrande. Un temps séparés, les deux bourgs s’unissent de nouveau en 1941 pour devenir Montsinéry-Tonnegrande, Montsinéry devenant cette fois-ci le chef-lieu.
Jusque dans les années 60 et 70, les deux villages n’étaient accessibles que par voies d’eau en canot ou pirogue. L’ouverture d’une route départementale a permis leur désenclavement. Avant cela, c’est donc par ses nombreux cours d’eau qu’étaient acheminées les productions, notamment les coupes de bois de rose, grande source de richesse de la Guyane du XIXe siècle.
Le vaste réseau hydrographique du territoire, mêlant eaux douces et eaux salées car soumis aux marées, a permis aux deux villages de se développer autour d’activités très spécifiques : huîtres et crabes, toujours emblèmes culinaires du territoire, charbon de bois de palétuviers, bois d’oeuvre, fabrication de briques, cultures maraîchères et vivrières. Il reste quelques vestiges de ces habitations, notamment celle de Grand-Montsinéry qui comptait, en 1793, 53 hectares de terres cultivées en riz, maïs, manioc et canne à sucre, sur lesquelles travaillaient 126 esclaves. Bien sûr, comme de nombreux territoires de Guyane, Montsinéry-Tonnegrande a aussi été marquée par l’histoire du bagne. Voulu par Napoléon III pour permettre le développement de la colonie, le bagne de Guyane a vu les bâtiments surgir de terre dès 1854, avec des implantations à Cayenne, sur les îles du Salut et à Saint-Laurent-du-Maroni, siège de l’administration pénitentiaire. Ce n’est qu’au début des années 1930 que des bâtiments sont construits au bord de la crique Anguille, affluent de rivière Tonnegrande. Ce nouvel établissement, construit sur le domaine de l’ancienne habitation coloniale Patawa, était prévu pour accueillir des Annamites venus de la lointaine Indochine. La révolte de la garnison de Yên Bái, mutinerie organisée par le Parti nationaliste vietnamien, en février 1930 a conduit à l’exil forcé de 500 prisonniers politiques auxquels se sont ajoutés quelques droit commun. Ils seront répartis entre le bagne de Tonnegrande, celui de Saut-Tigre, sur le Sinnamary et le camp “La Forestière” à Saint-Laurent-du-Maroni. Le bagne de Tonnegrande était divisé en trois secteurs : le quartier administratif du personnel européen, le quartier des tirailleurs sénégalais, affectés à la surveillance et le quartier des condamnés. Il était le plus important des trois sites accueillant les prisonniers indochinois. Il sera également le poste administratif de la vaste circonscription du territoire de l’Inini, créé par décret en 1930 et qui englobait la quasi-intégralité de la Guyane, hormis la bande côtière. Cette vaste circonscription sera supprimée par décret le 17 mars 1969, décret portant sur la réorganisation administrative du département. A l’origine, le projet de l’administration pénitentiaire était de relier le site de Tonnegrande au Maroni, en passant par le Kourou, à Saut-Léodate et le Sinnamary, à Saut-Tigre. Le projet n’a jamais abouti et a été enterré avec la fermeture du bagne en 1946, laissant la végétation reprendre ses droits sur ces lieux de souffrance. A Tonnegrande, un sentier dit des Annamites permet d’accéder aux ruines de ces geôles d’un autre âge. Propriété du Conservatoire du Littoral depuis 2012, le site a fait l’objet d’aménagements. Une balade de 5 km permet de rejoindre la rivière Tonnegrande avec une halte, à mi-parcours, dans les ruines du bagne. On y suit notamment une ancienne voie ferrée longue de 4,5 km qui reliait la Tonnegrande à l’établissement pénitentiaire.
Saveurs et senteurs
Canne, sucre et rhum patrimoine
Biodiversité
Amérindiens
Saveurs et senteurs
Huîtres, crabes et ananas…
Commune agricole avec près de 100 entreprises inscrites à la Chambre d’Agriculture sur les plus de 200 entreprises du territoire, Montsinéry-Tonnegrande a toujours vécu pour et par la culture et l’élevage. Dès le début de la colonisation, les Européens ont choisi de créer des habitations à proximité des deux rivières qui bordent les deux bords. Des épices, du café, du cacao, du roucou, de la canne… étaient cultivés et embarqués sur les navires qui repartaient vers la métropole.
Des articles de presse datant de 1934 font état d’ananas poussant à Montsinéry. Le Cayenne lisse aussi dénommé le Sweet Cayenne ou encore Smooth Cayenne est endogène de la Guyane et Montsinéry semble être sa terre de prédilection. Un ananas ayant poussé à Montsinéry a été exposé dans la vitre de la librairie-papeterie Emilio Gratien de Cayenne. La raison ? Son poids exceptionnel de 9 kilos. En 1936, D. Adam, chef du Service de l’Agriculture et ingénieur d’Agronomie coloniale, dans son ouvrage El Dorado décrivait cet ananas de Montsinéry « comme l’une des réussites de l’agriculture fruitière d’exportation, appelée à prendre un grand développement ». Un développement qui n’a jamais vraiment décollé, malgré des projets de culture intensive, notamment dans les années 90. Plus récemment, l’idée de cultiver l’ananas a refait surface, toujours sur la commune de Montsinéry-Tonnegrande.
Emblématiques de Montsinéry-Tonnegrande, les huîtres et crabes de palétuviers figurent sur les armoiries de la commune. Depuis les tout débuts de la colonisation, on parle des huîtres de Montsinéry. Elles seraient arrivées dans l’estuaire de la commune depuis l’Afrique, au XVIIe siècle, par des bateaux. Mais certaines fouilles archéologiques sur les rares sites amérindiens de la commune, semblent, de leur côté, attester de la présence de Cassostrea gasar avant la colonisation, comme source d’alimentation.
Toujours est-il que cette fameuse huître 100 % guyanaise suscite depuis longtemps l’intérêt de la commune. Elle fait généralement l’objet de prélèvement pendant les fêtes de fin d’année, mais l’idée est bien, pour éviter son déclin, de contrôler la ressource. Depuis 2010, plusieurs initiatives ont été lancées pour organiser la filière. Tout récemment, un partenariat a été engagé entre la Mairie et l’Office Français de la Biodiversité, lequel devrait permettre d’atteindre le double objectif de la préservation et de la valorisation.
Montsinéry-Tonnegrande se partage les richesses de ses cours d’eau à découvrir et déguster si la saison s’y prête. On parle du crabe de Tonnegrande, pour lequel une fête était organisée il y a quelques années, et de l’huître de Montsinéry. Et pourtant, les deux partagent le même habitat.
Canne, sucre et rhum patrimoine
Un passé sucrier oublié
Dès l’année 1670, les colons s’installent au bord des rivières Montsinéry et Tonnegrande et valorisent les terres qui leur avaient été attribuées. Le territoire recensait en 1822, soixante-quatorze habitations qui cultivaient principalement du roucou, du café, et des épices et cinq établissements sucriers. Il ne reste que des ruines le plus souvent envahies par la végétation.
Parmi ces habitations, celle de Grand-Montsinéry est la plus importante. Ce grand domaine foncier avait été concédé à Pierre Éléonore, major à Cayenne en 1677 et gouverneur de la Guyane de 1690 à 1705, année de sa mort. Plus ancienne habitation de la commune, elle fonctionnera pendant un siècle, jusqu’à la Révolution. En 1733, elle est la plus grande habitation de la colonie et compte 89 esclaves. La sucrerie est alimentée par une écluse et un moulin à eau. A la mort de son propriétaire, près de 130 esclaves travaillent sur l’habitation qui compte de nombreuses installations : habitations, bâtiments sucriers, poterie et briqueterie, forge, menuiserie, charronnerie et une ménagerie comptant 67 chevaux et bœufs. A l’époque 53 hectares étaient consacrés à la culture de la canne.
A la mort de Pierre Éléonore, l’habitation est reprise par son principal créancier, un banquier portant le nom de Chabot. En 1711, plus de 120 esclaves travaillent dans les ateliers de l’habitation qui compte également plus de 100 têtes de bétail. Sa mort, en 1723, entraîne un flot de contestations entre créanciers et héritiers, tant en Guyane qu’en métropole.
Jacques Chabot, bourgeois et banquier de Paris, créancier principal du gouverneur, récupère l’habitation et l’administre. En 1711, l’habitation sucrière possède un atelier de 123 esclaves et entretient un bétail de 105 bêtes à cornes. Le banquier Chabot décède à Cayenne en avril 1723, laissant une veuve, Anne Potin, et deux filles, dont une mineure. Sa succession entraîne des contestations entre les héritiers, les créanciers de Guyane et de Paris. La veuve et ses filles finissent par renoncer à l’héritage et une union des créanciers est alors créée, avec comme bien principal à la succession, l’habitation Grand-Montsinéry.
D’autres habitations sur le territoire de Montsinéry-Tonnegrande se sont consacrées, dans une moindre mesure, à la culture de la canne à sucre, notamment l’habitation Petit-Cayenne. En 1848, année de l’abolition définitive, plus de 1300 esclaves sont libérés des 67 établissements que comptent les quartiers de Montsinéry et de Tonnegrande. Les habitations périclitent et, en 1861, la culture de la canne à sucre a pratiquement disparu. Seuls restent exploitées quelques plantations de roucou, de girofle ou encore de café.
Biodiversité Mer & Terre
Kaléidoscope de biotopes
78 % du territoire de Montsinéry-Tonnegrande sont recouverts par la forêt. De nombreux cours d’eau, dont les principaux portent le nom des deux villages, sont sources de découvertes au fil de l’eau. Avec un réseau hydrographique dense et complexe, allant des rivières aux petites criques, dont certaines ont été aménagées pour la baignade (crique Koko et crique Patate), il y a mille façon de partir à la découverte de Montsinéry-Tonnegrande, au fil de l’eau.
Ici, le visiteur pourra découvrir tous les biotopes de Guyane : des savanes, des criques aux eaux vives, des rivières larges et navigables, des cascades, des forêts inondées, des forêts secondaires et des forêts primaires, des zones marécageuses et la mangrove bordant le plan d’eau de Montsinéry.
La découverte peut se faire le long des sentiers, par exemple du bagne des Annamites qu’il est également possible de rejoindre par la crique Anguille au départ de Tonnegrande. Car l’idéal est de sillonner le territoire à bord de canoë ou d’un kayak. On peut le faire en autonomie ou guidé par un prestataire.
Autre expérience unique pour découvrir le territoire, un survol à bord d’un des hydravions des Ailes Hydro de Montsinéry. On embarque à bord d’un houseboat qui mouille en face de Montsinéry et on part pour une balade de 15 minutes ou d’une heure, en fonction de la prestation demandée. La Guyane vue du ciel pour survoler la canopée au biotope exceptionnel, restera un souvenir exceptionnel pour comprendre la forêt amazonienne et sa richesse floristique : 1700 espèces d’arbres sont recensées en Guyane, contre 126 en métropole. Et çà et là, en fonction de la saison on voit apparaît une tache de couleur, jaune pour les ébénes vertes, rose pour les ébénes roses.
A environ 10 kilomètres du bourg de Montsinéry, Madame Louison, dans son jardin botanique Bois de Rose, accueille les visiteurs depuis de nombreuses années. Depuis 1986, cette femme passionnée a collecté des plantes qu’elle cultive et entretient avec passion. Son jardin totalise 600 espèces de plantes, bel éventail de variétés ornementales et médicinales d’Amazonie, et Madame Louison partage avec générosité ses connaissances avec scientifiques, visiteurs et jardiniers…
Proche du jardin botanique, le Zoo de Guyane, à cheval sur les deux communes de Montsinéry-Tonnégrande et Macouria, offre lui aussi, avec son parc animalier et ses 450 animaux, son sentier botanique, sa serre tropicale et son parcours sur passerelle dans les arbres, une belle approche de la biodiversité guyanaise. Il s’agit d’une des attractions préférées des visiteurs. Un incontournable donc !