Sur la Route Bleue Mythique de la Grande Caraïbe By Odyssea
NAVIGATEURS & EXPLORATEURS
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Une oeuvre collective
La période des grandes découvertes a ouvert la voie à un monde nouveau où tout s’accélère. Les idées foisonnent, les théories les plus folles émergent ici et là. Les rêves de grandeur et de richesse ne cessent d’animer les grands de ce monde. On sait depuis l’antiquité que la terre est ronde mais il faudra attendre la fin du XIVe siècle pour que, grâce à la pugnacité de certains hommes pétris de certitudes, la chose soit avérée. Christophe Colomb n’a fait qu’une erreur, celle de minimiser la taille de la terre. Son projet de voyage aux Indes en prenant la route maritime de l’ouest s’est heurté à un continent gigantesque et il n’en aura jamais conscience.
Les grandes découvertes sont le fruit d’une œuvre collective où les noms de Colomb, Magellan, Vespucci, Drake et De Gama tiennent la vedette. Avec ce nouveau paradigme, c’est un bouleversement total du monde qui apportent tout à la fois rencontres entre cultures diamétralement opposées, sentiment de suprématie d’une race sur les autres, accroissement des conflits, développement du commerce. L’humanité rentre dans le monde moderne.
Sur la Route Bleue Mythique de la Caraïbe
LES SCIENCES AU SERVICE DES GRANDES DECOUVERTES
L’Amérique a déjà une longue Histoire derrière elle avant l’arrivée des Européens, avec les ancêtres des Amérindiens venus d’Asie plusieurs dizaines de milliers d’années avant notre ère, ou la piste de quelques poignées de vikings, de moines irlandais ou de baleiniers basques ayant fait, avant Christophe Colomb, état de l’existence d’une terre outre-Atlantique. Tous ont emprunté la voie maritime.
Le premier des grands navigateurs de cette fin du XVe siècle, Christophe Colomb, cherche avant tout un raccourci maritime vers la Chine et les Indes, le mythique passage du Nord-Ouest, une nouvelle route des épices. L’enjeu, alors, est énorme : les voyages d’exploration se multiplient dans le monde entier, financés par les empires européens en quête de nouvelles routes commerciales à la recherche d’un Eldorado imaginaire. De nouvelles routes sont tracées : celle du rhum et de la canne, celle du café et des épices, celle de l’or également. La découverte de l’astrolabe et celle de la caravelle, permettent désormais des expéditions plus lointaines que jamais, Des cartes marines sont dessinées dans le secret par des cartographes espagnols ou portugais soucieux de préserver la priorité des découvertes pour leur royaume.
Tous ces voyages tant vers l’Orient que vers l’Occident n’auraient pu se faire sans les progrès techniques de la navigation avec notamment de nouveaux bateaux, de nouvelles voiles, de nouveaux instruments. A l’aide des portulans, ces hommes ont vaincu leurs peurs et bravé les interdits pour partir à la conquête de nouveaux territoires. Sur le plan strictement maritime, les premiers grands navigateurs vont ainsi utiliser toutes les évolutions de la science nautique leviers des grandes découvertes :
- Les premières cartes marines, désignées sous le nom de portulans, sortes de carte nautique servant essentiellement à repérer les ports et connaître les dangers qui peuvent les entourer : courants, bas-fonds… Les portulans sont grossièrement dessinés, les détails ne s’attachant qu’à ce qui a de l’importance pour la navigation. L’établissement de ces cartes nautiques est basé sur un mode de navigation par cabotage.
- La boussole qui permet de se situer par rapport à l’étoile polaire, est utilisée depuis 2600 avant J.-C. par les Chinois. La première représentation en est faite dans Le Livre des Merveilles que Marco Polo écrira après son voyage en Orient. Mais elle n’est transmise que plus tardivement aux Européens par les biais des Arabes.
- Le gouvernail d’étambot, robuste et approprié aux manœuvres.
- L’astrolabe, inventé par les Arabes au Xe siècle sert au calcul de l’heure par observation du soleil et la position des étoiles.
Les navigateurs s’appuient sur la compréhension du régime des vents, issue de la pratique de la volte (large détour conduisant en arc de cercle vers le nord-ouest jusqu’à la hauteur des Açores, avant de piquer sur le Portugal, au lieu de s’échiner à remonter en route directe en tirant des bords face au vent de nord-est). Cette connaissance permettra à Christophe Colomb d’aller d’un point à un autre non plus en longeant la côte, ni même en ligne droite, mais en tirant un large bord vers les vents portants.
La pratique de la volte laisse à penser que Christophe Colomb a acquis les bases d’une science astronomique élémentaire. En effet l’audace de la route infléchie volontairement vers le grand large, suppose une référence raisonnable à des repères. Le compas magnétique est le guide fondamental sans lequel rien n’eût été possible, mais il ne peut assumer à lui seul la sécurité de la traversée océanique. L’incertitude sur la situation relative des navires, des ports et des îles, conduit à se fier à la seule coordonnée commune fiable : la latitude (ou hauteur de l’étoile Polaire au-dessus de l’horizon dans l’hémisphère nord). Les navires font alors route à l’est ou à l’ouest, car encore incapables de mesurer la longitude, ils vérifient régulièrement, grâce au quadrant d’altitude, que la hauteur de l’étoile polaire ne change pas.
Il faut bien réaliser qu’aucun progrès ultérieur de la science nautique ne modifia vraiment les inventions portugaises jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, lorsque les marins furent enfin capables de mesurer la longitude. Le monde fut entièrement exploré par des navigateurs qui déterminaient leur position à l’aide d’instruments de bois et mesuraient le temps à l’aide de sabliers.
La plus complète la transformation des navires de haute mer profita également aux grands navigateurs. Elle intervient dès le milieu du XVe siècle. En effet jusqu’à la fin du XIVe siècle les navires ne sont pourvus que d’une grande voile carrée ; ils doivent attendre les vents favorables pour aller dans la direction désirée ; ils sont incapables, et n’ont jamais essayé, de remonter contre les vents contraires.
Au XVe siècle, les navires de mer dérivent pour la plupart des caraques arabes. Les caravelles désignent une autre catégorie de navires, plus maniables et permettant la navigation par tous les temps, développée par les Portugais dès 1420.
La Caravelle portugaise est un bateau ponté, léger et haut sur l’eau, extrêmement proche des boutres arabes. Longue d’un peu plus de 20 mètres, large de 6 à 8, elle porte 2 voiles latines aux célèbres croix peintes. Plus tard, elle hisse un gréement mixte sur trois mâts proche des Caraques. En fait, les voilures des navires des grandes découvertes ne sont jamais définitives, elles sont modifiées suivant les circonstances de la navigation.
Les caravelles deviennent rapidement les instruments nécessaires pour des explorations où les marins ont à remonter les vents contraires et poussent au perfectionnement des nefs. Le modèle catalan, avec ses voiles principales carrées, sa voile arrière latine, est celui d’un navire déjà moderne, capable au moins de marcher avec vent de travers.
Du XVe au XVIIIe siècle, la navigation à voile en haute mer progresse rapidement pour atteindre son apogée, cette évolution résulte de la combinaison de deux grands progrès majeurs : l’amélioration des navires et l’aptitude à calculer leur position en plein océan (en particulier la longitude). Cette dernière avancée résulte d’une compétition entre les astronomes officiels (scientifiques) et les artisans horlogers (techniciens). Ces évolutions dans l’art de la navigation accompagnent également de nouvelles procédures dans le commerce maritime.