De la traditionnelle habitation littorale à l’usine centralisée

Curiosité architecturale, le Marin abrite une ancienne habitation sucrière construite en « U », datant du XIXème siècle, dans le quartier Montgérald. Plus que son caractère exceptionnel, c’est l’Histoire de la culture sucrière qui est aujourd’hui portée entre ces murs. Avant la construction de la fameuse maison de maître en 1836, le site est à l’époque une dépendance d’un domaine d’exploitation allant de Crève-Cœur jusqu’aux Salines à Sainte-Anne. La construction témoigne de l’architecture des habitations littorales du XIXème siècle : elle comprend la maison de maître, où séjourne à l’époque les Charron, l’une des plus riches familles de l’île à l’époque ; les écuries et le jardin. Elle comprend également les dépendances destinées aux travailleurs forcés, les premiers étant venus d’Afrique sous les ordres de Louis XIII au XVIIème siècle, pour compléter la main-d’œuvre européenne, à l’époque de l’essor de la culture sucrière. En 1688, il ne reste plus que 1% de travailleurs venus d’Europe, car les esclaves sont une main-d’œuvre plus rentable sur le long terme. Ce travail forcé mené dans des conditions souvent inacceptables dure jusqu’en 1848, date de l’abolition de l’esclavage.

C’est dans ce même quartier qu’est construite l’usine centrale en 1869 par Charles Harouard et Joseph Braud, ce qui provoque alors le développement économique rapide du quartier et plus largement de la commune. Les communes de Sainte-Anne et du Marin partagent à elles seules douze habitations sucrières, c’est alors la seule usine centrale du sud de la Martinique. Sa position stratégique près de la baie du Marin en fait directement un carrefour économique important quant à l’acheminement des productions sucrières vers les ports commerciaux de Fort-de-France. Jusqu’à la fin du siècle, elle rachète les terres agricoles des habitations des environs afin de pérenniser l’approvisionnement, ce qui provoque petit à petit le déclin des habitations, qui se transforment en ruines au début du XXème siècle, au profit de l’industrialisation. Parallèlement, l’usine est sans arrêt modernisée, elle est équipée en 1902 d’un moulin de broyage à vapeur, afin d’accentuer le rendement la productivité. Dans les années 50, elle est victime de la crise sucrière, époque économique difficile pour cette industrie, en raison de l’essor du sucre de betterave. Malgré une tentative de reconversion dans la culture bananière et des plans de relancement, les prix chutent, l’usine clôt ses portes en 1969.

A cette même époque, l’Habitation Charron devient un lieu de culture vivrière, où les vergers prospèrent. Classée Monument Historique le 17 juillet 2012, elle est visitable lors des journées du patrimoine. L’ancienne usine du Marin a quant à elle totalement disparu du paysage industriel de la commune.

Aujourd’hui, le Marin apparaît également comme un lieu de mémoire du passé esclavagiste. Situé au Morne Gommier, au cœur de l’espace habité par les anciens esclaves après l’abolition de l’esclavage, An Mao Héritage est un parc mémorial d’un hectare, où est valorisée la mémoire des ancêtres. Son créateur, Pierre-Yves Panor, met en lumière l’héritage culturel ancestral, par un voyage mémoriel au cœur des croyances, des légendes et des valeurs d’antan. Ce lieu chargé d’histoire est à visiter sur rendez-vous, pour une visite guidée d’environ 1h30.

Des paysages exceptionnels, de l’océan Atlantique à la mer Caraïbes

Ilets, plages de sable fin, mangrove, panoramas exceptionnels, le Marin, en terre ou en mer, est une commune offrant des paysages incroyables, marqués par l’Histoire et par une biodiversité préservée.

Le domaine de Grand Macabou, ancien site amérindien puis exploitation sucrière, est le cap le plus oriental de la Martinique. Ses 113,36 hectares sont protégés depuis 1982 par l’Office National des Forêts. Afin de découvrir ce site exceptionnel, 4 randonnées pédestres et le premier parcours équestre aménagé de l’île sont disponibles, offrant la possibilité, selon les envies et le niveau, de vivre des balades exceptionnelles, à la découverte des plages sauvages de sable blanc, des panoramas sur l’Atlantique, de l’étang Massel, des savanes herbeuses et de la forêt littorale. Le site est marqué par une végétation adaptée aux milieux arides, vous pourrez y rencontrer, entre autres, des cactus cierges et des agaves karatto. Côté faune, le domaine du Macabou accueille des milliers d’oiseaux protégés chaque année lors de leur halte migratoire pendant leur périple de l’Alaska vers l’Amérique du sud. On y recense une soixante d’espèces, comme le chevalier grivelé, le balbuzard pêcheur ou le bécasseau semipalmé.

Outre sa biodiversité incroyable, le Marin a la chance d’offrir des plages somptueuses, du côté mer Caraïbes comme de l’océan Atlantique. Située sur la côte ouest de la commune, la pointe Borgnese est une magnifique plage de sable blond à l’eau turquoise et transparente, grâce à la faible pluviométrie et aux faibles vents. C’est un lieu prisé pour le snorkelling et la plongée sous-marine, où l’on peut facilement découvrir des poissons coralliens colorés tels que le poisson chirurgien, le poisson perroquet ou l’ange français. Ses fonds sont également protégés grâce à la mangrove qui s’étend à l’embouchure du canal Sainte-Lucie, à proximité du quartier La Duprey. Cette forêt typique de la Martinique joue un rôle principal dans la préservation de la biodiversité marine. Composée d’arbres dont les racines en arceaux s’ancrent dans le sable, les palétuviers jouent un rôle fondamental pour l’équilibre des écosystèmes. Cette ceinture forestière joue un rôle fondamental dans la filtration et le maintien des sédiments et représente un habitat d’intérêt majeur pour la faune marine et terrestre.

Côté atlantique, aventurez-vous sur la trace des Caps, un circuit de randonnées permettant de relier les plages les unes aux autres. Découvrez des anses authentiques au sable fin, et profitez d’un pique-nique, d’admirer la vue, de vous reposer ou de vous baigner dans des eaux chaudes. L’anse du grand Macabou s’étire sur plus d’un kilomètre et compte parmi les plages les plus belles de toute l’île, tout en ayant gardé une authenticité précieuse, pour un moment hors du temps.

A la découverte des saveurs et senteurs créoles

Côté saveurs, comme toute la Martinique, le Marin est une terre historiquement métissée, dont le résultat forme la culture créole actuelle. L’arrivée des premiers amérindiens, des européens, des esclaves venus d’Afrique, des migrations indiennes au XIXème ont contribué à constituer la culture culinaire martiniquaise telle qu’on la connaît aujourd’hui. Les africains ont par exemple amenés avec eux le gombo, le bœuf, des herbes aromatiques telles que le thym et le laurier, la cuisson à la braise et à la flamme. Au XIXème, le curry est importé depuis l’Inde, le riz depuis les Etats-Unis.

Du lundi au samedi de 8h à 13h se tient le marché couvert du Marin, situé rue Pasteur dans le bourg. Fruits, légumes, épices locales, liqueurs, sucreries, mais également poisson frais et viande, ce marché aux couleurs créoles saura ravir vos narines avec ses senteurs embaumantes.

La commune est également connue pour sa pêche à l’oursin blanc, présent dans le canal de Sainte-Lucie. Ce met d’exception surnommé le Caviar des Antilles fait l’objet d’une réglementation stricte, sa pêche était seulement autorisée pour 4 jours en Martinique en 2020 sous la décision du comité régional de la pêche, en raison du danger qui plane autour de l’espèce, dû à la surexploitation. Aujourd’hui, il se vend à plus de 80 euros du kilo, en faisant un mets très rare, pouvant être consommé de multiples façons. Cependant, les cuisiniers s’accordent pour dire qu’il se suffit à lui-même, par sa grande qualité gustative. Il vaut mieux ainsi laisser de côté les recettes fantaisistes pour préférer des modes de cuisson et des recettes qui ne dénaturent pas le produit. Le blaff, recette incontournable des Antilles, est très utilisé pour cuisiner l’oursin blanc. Ce dernier macère pendant un quart d’heure dans de l’eau à l’ail, citronnée et pimentée, avant d’être plongé dans de l’eau portée à ébullition pour seulement 5 minutes. L’avantage de cette recette, très saine car elle ne nécessite pas d’ajout de matière grasse, et qu’elle permet de préserver les qualités nutritives et gustatives de l’aliment. Peut-être auriez-vous la chance de déguster une des multiples déclinaisons de recettes de ce caviar antillais dans l’un des nombreux restaurants créoles du bourg et de la marina.

Côté senteurs, le jardin Créole Ecotour situé dans les hauteurs du Marin est témoin de la beauté de la flore Martiniquaise. Ce jardin recense près de 200 espèces de plantes tropicales différentes, en passant par les épices, les plantes médicinales, les arbres fruitiers… Il permet d’en apprendre davantage sur la flore de l’île, à travers la découverte d’une forêt de Mahoganys, arbres majestueux d’une moyenne de 40 mètres de hauteur, des variétés de bois d’Inde aux senteurs anisées ou citronnées… Animée par la passion de l’horticulture, la propriétaire des lieux, Monique, transmet avec bienveillance son savoir lors de visites guidées. La qualité de son jardin a été reconnue à de multiples reprises. Lauréat de nombreux prix, notamment les Floralies Caribéennes en 2006, il a notamment reçu le Ruban Bleu de l’Ecologie en 2000.